samedi 1 juin 2013


                          Interview avec le Doyen de la Faculté Polydisciplinaire de Ouarzazate


       Orginaire de la région de Salé, Youness Belahsen est Doyen de la Faculté Polydisciplinaire de Ouarzazate depuis Juin 2010. Ouverte en 2006 sous la tutelle de l'Université Ibn Zohr, la Faculté est l'un des moteurs de développement de la ville de Ouarzazate. Youness Belahsen a accepté de répondre aux questions du magazine électronique "almaouja.com" pour faire le point sur la rentrée 2012 et tracer les perspectives d'avenir pour la Faculté mais aussi pour Ouarzazate.Ci-dessous le texte de l'entretien :




Almaouja.com - Quel a été votre première impression lors de votre arrivée à Ouarzazate ?



Youness Belahsen - J'ai rapidement vu que la Faculté de Ouarzazate était un grand chantier qui demandait encore un long chemin de développement. C'était là un environnement motivant notamment vis à vis de la ville de Ouarzazate où j'ai senti qu'il y avait beaucoup à faire. Concernant la faculté, 5 filières d'enseignements existaient quand j'ai pris mes fonctions de Doyen. Les deux premières filières sont celles qui concerne le cinéma, l'une dédiée aux techniques cinématographiques et l'autre à la gestion de la production cinématographique. En 2008, deux nouvelles filières se sont ouvertes, la filière tourisme, gestion et communication et la filière informatique, gestion d'entreprise. A partir de 2009 et, dans l'idée d'accompagner le plan Maroc Solaire, a été lancée la filière des énergies renouvelables, plus exactement techniques d'exploitation des énergies renouvelables.


A mon arrivée, nous avons ouvert la filière de langues étrangères appliquées, filière initiée par mon prédécesseur M. Moha Ikenne à qui je veux ici rendre hommage pour avoir porté, et réussi, ce défi formidable de la création de notre Faculté. Et enfin en 2011, dans l'attention d'enrichir et de diversifier l'offre de formation, nous avons ouvert le département de système informatique et logiciel et enfin la filière English studies, pedagogy and communication. La toute dernière filière créée cette année même rompt avec la tradition des filières à caractère professionnel puisque c'est ici la première filière en science fondamentale, à savoir la filière science mathématique et informatique.


Nous en sommes donc maintenant à 9 filières mises en place depuis la création de la faculté, c'est à dire dans un laps de temps de 6 années, ce qui est déjà un exploit aux vues des besoins en enseignants que ce rythme de développement demande. De nouvelles filières sont en perspective bien que la capacité maximale de la faculté soit proche d'être atteinte en l'état, à savoir 3000 étudiants. A ce jour, nous en sommes à près de 2000 étudiants. Avec le nombre actuel de filières, nous devrions atteindre cette capacité maximale d'ici à deux ans.


Nous avons cependant l'ambition de créer une filière en droit et science économique bien que nous ayons de gros problèmes pour trouver les ressources humaines nécessaires. La pénurie en enseignants est en effet grave dans certaines matières et cela surtout en raison des réticences qu'expriment les enseignants à venir s'installer ici à Ouarzazate. Lors de la rentrée 2012, la faculté a doublé le nombre de ses étudiants.



Almaouja.com - Quel bilan tirez vous de la dernière rentrée scolaire ?


YB - Le principal point qui a marqué cette dernière rentrée 2012 est que nous avons doublé le nombre d'étudiants, passant de 1000 à 2000 étudiants. Cette transition n'était pas facile à faire mais nous y sommes parvenus. Il faut savoir que le nombre des étudiants au bac augmentant de 20 % par an, cette croissance en direction des universités est normale et va se poursuivre. De plus, la plupart des étudiants partaient jadis sur Agadir ou Marrakech. Aujourd'hui, et grâce à toutes ces filières, nous pouvons absorber un peu de ce flux continu d'étudiants.


Le deuxième point important de cette rentrée est lié à cet afflux massif de nouveaux étudiants puisque cela concerne le recrutement du personnel nécessaire. L'université d'Ibn Zohr nous a ainsi permis d'augmenter l'année dernière notre équipe d'enseignement par 9 administrateurs supplémentaires, engagés aujourd'hui dans l'enseignement, et d'ainsi combler un déficit qui était criant l'année précédente. Cette année encore, nous prévoyons de recruter 8 enseignants supplémentaires, 2 en informatique, 2 en mathématique et enfin 4 enseignants de niveau thèse, 3 en physique et 1 en français.


Bien entendu, nous espérons que tous ces candidats accepteront de venir travailler à Ouarzazate car malheureusement tous les candidats n'acceptent pas de venir ici. Malheureusement, cette destination est mal connue et les personnes se font une fausse idée de la situation. Je les engage à venir ici car la vie y est très agréable avec une sérénité rare qui facilite la concentration et permet un cadre de vie très agréable. A ce jour, nous en sommes donc à 29 enseignants, 14 administrateurs et 18 administratifs, qui tous ensemble réunis forment une équipe de qualité à qui je tiens particulièrement à adresser mes félicitations.


Sur un autre point, nous avons réussi à parfaire l'aménagement de la faculté pour embellir l'environnement et rendre l'espace plus convivial. Près de 400 oliviers ont été plantés, 300 eucalyptus ont ensuite été mis en place et une autre campagne est prévue grâce au soutien de l'Office Régional de la Mise en Valeur Agricole.


Très prochainement va s'ouvrir la cafétéria. Il reste quelques mises au point administratives avant son ouverture mais il s'agit d'une question de semaines. Toutes ces évolutions, autant sur le plan du personnel enseignant que sur celui de l'embellissement de notre campus universitaire, ont pu se réaliser grâce au soutien indéfectible de l'Université Ibn Zohr et de son Président M. Omar Halli.



Almaouja.com - Quels autres développements sont prévus dans l'avenir ?


YB - La Faculté demanderait une extension des locaux mais nous savons que les priorités au niveau national se portent sur d'autres facultés qui ont des besoin beaucoup plus urgents en regard de leur grand nombre d'étudiants, comme c'est par exemple le cas pour la faculté d'économie d'Agadir avec ses 23 000 étudiants. Mais je ne vous cacherai pas que nous sommes plusieurs à essayer de promouvoir la création à l'avenir d'une nouvelle entité universitaire pour compléter l'offre de formation car la ville de Ouarzazate est appelée à un fort développement. Il y a une dynamique, tout comme une volonté politique, de développer Ouarzazate afin que cette ville devienne le moteur du développement de toute la région. Nous savons que c'est là le destin de Ouarzazate.

faculté ouarzazate

Almaouja.com - Quelques mots sur le problème du transport des étudiants ?


YB - La faculté, tout comme les autorités de la ville, se sont préoccupées de ce problème qui est à la fois lié à l'augmentation du nombre d'étudiants et à la faible capacité de transport de la seule entreprise présente à Ouarzazate. Avec l'aide du gouverneur, et plus spécialement des autorités municipales de Ouarzazate, nous avons pu contenir ce problème avec la mobilisation de 4 à 5 autobus de cette entreprise pendant les heures de pointe de la faculté. L'association des enfants de Tarmigte nous prête aussi deux véhicules pour transporter les étudiants de la commune de Tarmigte. L'effort est donc immense malgré la réalité du problème. Je veux ici rendre hommage aux étudiants qui font preuve de compréhension et de patience. Nous savons qu'ils se déplacent dans des conditions qui ne sont pas optimales. Certains d'entre eux ont fait le choix de se déplacer par leur propre moyen en se déplacant en vélo ou en mobylette et nous les encourageons. A Ouarzazate, beaucoup de choses virent au vert



Almaouja.com - Qu'est ce qui permettrait de résoudre plus rapidement tous les problèmes rencontrés ici à la faculté ou bien dans la ville de Ouarzazate ?


YB - En effet, Ouarzazate est une ville qui a beaucoup de difficultés, notamment par le fait que nous sommes ici entourés de montagnes et donc l'accès n'y est pas facile. Ceci dit, je veux dire que beaucoup de choses virent au vert. J'en veux pour preuve l'amélioration des accès routiers, ceux depuis Agadir en premier lieu. Le projet d'exploitation de l'énergie solaire va ouvrir beaucoup d'opportunités d'autant plus qu'il est soutenu par les plus hautes autorités de l'Etat. La dynamique de développement qui traverse tout le Maroc, au niveau des grands projets, des infrastructures ou de l'enseignement, se retrouve ici, même si tout cela se fait dans le temps. Mais il y a une volonté manifeste d'améliorer la vie à Ouarzazate.


Mais pour développer une région, il faut des ressources humaines qualifiées et le choix d'avoir installé ici une telle faculté est le signe de cette volonté de développement de l'ensemble du territoire. Il faut savoir que le projet solaire va faire venir ici des personnes de qualité professionnelle certaine. C'est un véritable renfort intellectuel qui peut servir à toute la cité.


Ceci dit, il faut bien comprendre que tout ce mouvement, que cette dynamique doit s'accompagner d’initiatives personnelles. La faculté est en train de former des cadres, mais ces futurs cadres doivent rester à Ouarzazate. Pour parvenir à cela, il faut réussir à créer une masse critique qualitative qui fasse que plus de monde de haut niveau accepte de rester, voir de revenir, à Ouarzazate. Il faut donc créer un appel d'air pour rehausser le niveau de la ville. Si la volonté politique est là, il faut des acteurs qui s'impliquent dans le territoire au lieu de partir ailleurs. Et la Faculté est là pour accompagner ce rehaussement. Nous nous posons comme moteur de cette amélioration. Il faut bien comprendre que c'est la matière grise qui pourra permettre la réussite d'un tel défi pour Ouarzazate. Nous devons donc pleinement miser sur l'enseignement pour former ici les acteurs qui feront grandir Ouarzazate.Ouarzazate a besoin de ses étudiants




Almaouja.com - Pour terminer, avez vous un message à faire passer aux étudiants de la Faculté ?


YB - Il y a beaucoup de choses à faire dans cette région, dans de nombreux domaines. Il y a des métiers en émergence mais tout demande une amélioration de la qualité. J'incite les étudiants à travailler avec un nouvel effort, à aller le plus loin possible dans leur formation, car le Maroc, et la région de Ouarzazate en particulier, sont devant d'importantes opportunités. Nous sommes aujourd'hui à un point où beaucoup de nouvelles réalisations sont possibles. Face à ces opportunités, il faut savoir les saisir. Il faut être au rendez vous de ces opportunités et pour cela, travailler avec le plus d'acharnement possible. Ouarzazate a besoin de ses étudiants pour réussir le défi de son développement.


Je ne voudrais pas que l'on considère le parcours universitaire comme l'accès unique vers la fonction publique. Ce temps là est terminé. La fonction publique ne peut plus accepter tout le monde. De toute manière, quand la fonction publique doit recruter, elle doit le faire en regard d'un plus haut niveau de compétences. Mais le plus important selon moi, c'est qu'un jour peut être le défi de l'initiative privée prendra le pas sur la fonction publique. Je fais le voeu que la défi de la création d'entreprise devienne une ambition légitime qui prenne le dessus vis à vis des carrières publiques.


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